Lioumna,

Me voici parvenu au pied des écumes majestueuses des éthers : des lambeaux brumeux et laiteux enveloppent les vertes prairies du Saîl avant de s'élancer à des hauteurs vertigineuses dans un ressac totalement silencieux. J'ai le sentiment d'assister au balet gracieux de nuages échoués dans les plaines. Les ténèbres tapies derrière Zuneim teintent ses éthers immaculés de rose crêmeux lorsqu'elles rencontrent les lueurs du Saîl. Deux mondes semblent se toiser de part et d'autre de Zuneim, séparés par les nobles Etherides.

Les anciennes demeures rocheuses des Morphiques dérivent dans les cieux, livrées à elles-mêmes. La vue doit être époustouflante de là-haut. L'onyre est restée concentrée sous ces lieux, je me suis assoupi avec l'espoir que cette fois-ci je pourrais accéder à toi. Mais il y a quelque chose qui trouble l'onyre, qui l'aspire vers Nyx au lieu de la laisser rejoindre le divin Morphée. J'ai erré quelques temps encore à la recherche du portail mais il semble s'être dissipé. Je m'en vais donc à la rencontre des éthers en espérant qu'il y ait un chemin de retour. Mais je me plais à croire à une légende que m'a conté une naïade des Mers d'Ecryme : elle me disait que celui qui nourrit un sentiment d'affection profond pour quelqu'un ou quelque chose, aura toujours au moins un repère dans les mondes oniriques pour retrouver son sentier. Te savoir quelque part, même loin de moi, me donne la présence d'esprit pour ne pas céder à la langueur du Saîl. Un étrange spleen menace par moment de m'emporter dans un renoncement contemplatif mais aussitôt je sens mon coeur me tirailler et me rendre à la raison.

Oh, je sens quelque chose pénétrer mon sommeil ! On m'appelle il me semble ... est-ce toi Lioumna que je perçois ? Pourtant je ne reconnaîs pas ton contact si doux. Non c'est autre chose d'ancien, une créature très ancienne. Elle m'invite à pénétrer en Zuneim, c'est un Etheride ...

Je dois te laisser, l'onyre se raréfie et mon interlocuteur me presse de m'éveiller avant que l'Oubli ne survienne.

Je te promets de revenir ...

Altaïr